Par Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative communiste (10 mai 2024)
Au fur et à mesure qu’approche le 9 juin 2024, le vide sidéral du «débat» européen est de plus en plus… sidérant. Ainsi du «patriote» Bardella qui fait toute sa campagne européenne sur le dos des travailleurs immigrés sans évoquer jamais les deux dangers principaux qui grèvent l’avenir d’une France souveraine :
– le «saut fédéral européen» imminent annoncé par les Résolutions fédéralistes qu’ont successivement votées en novembre 2023 les Parlements européen et français. Un bond proprement impérial qui mettrait un point final à l’indépendance de la République française en créant un Etat fédéral européen, une gendarmerie européenne, une armée européenne arrimée à l’OTAN, tout en détruisant le droit de veto des Etats-membres de l’UE. Donc en réduisant la France à l’état de province de l’EMPIRE euro-atlantique (Bruno Le Maire emploie ouvertement ce mot) que veut accoucher au forceps le trio destructeur von der Leyen, Scholz et Macron;
– le basculement officieux de l’UE, donc, dans la foulée, de ses Etats-membres, à l’anglo-américain aux dépens des langues nationales, langue française en tête ; un processus totalement sous-estimé à gauche et qu’ont déjà officialisé pour eux-mêmes la Commission européenne, le Parquet européen et la Cour des comptes européenne. Mais motus! il ne faut pas que l’électeur censément «patriote» du R.N. sache que, dans la pratique, Sainte «Marine» imite son amie néo-mussolinienne Giorgia Melloni et accepte déjà totalement comme elle l’UE, l’euro et l’Alliance atlantique. Donc la dissolution désormais imminente de l’Italie et/ou de la France dans l’Europe supranationale et néolibérale caporalisée par Berlin et téléguidée depuis Washington.
Bien entendu, la Macronie ne fait rien pour éclairer crûment ces enjeux proprement historiques et les expliquer à son propre électorat principalement composé de retraités. Il n’est fastidieusement question ces temps derniers sur nos écrans domestiqués que de «flamme olympique» et d’ «insécurité”; l’auteur de ces lignes a même eu en main ces jours-ci le prospectus ridicule d’une eurodéputée macroniste de Lille appelant à soutenir l’UE parce que, tenez-vous bien, cette grandiose institution a accepté de «faire du Maroille une marque déposée» ! On savait que pour certains, leur élection au Parlement européen était une question de fromage, mais là au moins les choses sont clairement dites !
Ne comptez pas davantage sur les eurodéputés macronistes de «Renew» (le nom même de leur groupe parlementaire européen, proposé et choisi – faut-il dire «choosed» ? – par ces étranges députés «français”, exhale leur mépris profond pour leur langue maternelle, donc pour leur propre pays…) pour mettre en discussion «en bas”, à l’occasion de cette élection, la décision de Macron, jamais validée par le Parlement et encore moins par l’opinion publique française (hostile à cette aventure à plus de 75%), d’envoyer des troupes françaises en Ukraine. Au risque de provoquer une confrontation directe de notre pays, puissance nucléaire non négligeable, quoi qu’on en dise, avec la Russie, superpuissance nucléaire s’il en est ! Parlons plutôt du terroir, de la «triangulation» politicienne des uns et des autres (Bardella se dira «européen» pendant que Glucksmann s’affichera «patriote”, voilà ce qui passionne les «informés”…), mais surtout pas de la guerre continentale voire plus, fomentée, pour le compte des USA, par le va-t-en-guerre de l’Elysée !
Ne comptons pas davantage hélas sur «la gauche» parlementaire pour présenter une alternative réellement antisystèmique. D’une part le «communiste» Roussel et sa doublure djeun’, le fringant Léon Deffontaine, ne pointent leur nez dans les médias que pour menacer d’exclusion leurs jeunes camarades des J.C., «coupables”, à Lille notamment, d’avoir dénoncé durement (mais justement !) le bellicisme odieux de Glucksmann (soutenu par l’intouchable PS…) et de la députée macroniste lilloise Spillebout ; ou encore d’avoir, à St-Etienne, durement chahuté comme il le mérite mille fois ce même Glucksmann, digne héritier de son atlantiste échevelé de père, mais cent fois traitre au combat pacifique de Jean Jaurès (fondateur, entre autres, de L’Humanité…).
D’autre part, on a, passant tout sourire au JT de TF1, la cheffe de file «insoumise» Manon Aubry qui oublie totalement à cette occasion de critiquer, voire de signaler le saut impérial européen imminent (c’est-à-dire le sujet n° 1 s’agissant de l’Europe !), et qui a même proposé à cette occasion d’instaurer un «impôt européen» sur les superprofits ; ce qui, dans son principe même (et si cette proposition avait la moindre chance de passer à Strasbourg !), ne ferait que précipiter, sous des prétextes «sociaux» et «anticapitalistes”, l’euro-dissolution fiscale et financière finale de notre pays en voie d’épavoration institutionnelle totale. Comme toujours l’appât de l’ «Europe sociale”, sans cesse promise bien que structurellement irréalisable de par les traités européens, sert ici à ferrer l’électeur de gauche en le piquant à l’hameçon pas du tout virtuel, lui, de l’Empire fédéral, supranational et atlantique en préparation ! Alors France «insoumise”, ou bien accompagnement totalement euro-soumis, voire euro-empressé, de la marche vers la supranationalité européenne totalement porteuse de guerre, de fascisation et de soumission politique et culturelle totale à Washington ? Décidément, comme le dit un autocollant édité par le PRCF, “Monde pacifique ou Europe atlantique, il faut choisir !”…
Dans ces conditions, le PRCF propose la seule alternative réellement populaire, pacifique et patriotique : celle qui consiste à délégitimer l’UE et à percuter à la fois Macron, Le Pen et le social-belliciste flamboyant Glucksmann en boycottant le PIEGE mortel de l’euro-scrutin en pleine synergie avec le PARDEM, FIERS et la Dynamique constituante. C’est la seule manière conséquente de défendre de manière civique, engagée et républicaine, le droit du peuple travailleur de France, qui a très majoritairement voté Non à la constitution européenne et dont TOUT l’Etablissement politique piétine aujourd’hui le vote, y compris certains partis qui avaient promu le Non en 2005, à défendre la souveraineté populaire et nationale en se souvenant, là encore, du mot de Jaurès: «l’émancipation nationale forme le socle de l’émancipation sociale”. C’est indispensable pour réaliser le Frexit progressiste, enrayer l’euro-marche à la guerre mondiale, refuser l’euro-fascisation continentale accélérée par l’alliance de l’UE-OTAN avec le pouvoir pronazi de Kiev. C’est incontournable si l’on veut vraiment se mettre en état de construire, non dans les mots mais dans les actes, l’avenir du socialisme dans notre pays.